Vous souvenez-vous de cette fameuse BD qui fit les grandes heures de Amstrad Cent Pour Cent entre 1988 et 1989 ? je veux bien sûr parler de « Du rififi sur Jarmila », la suite des aventures de Spoty pour ceux qui connaissent. Son dessinateur, Max, qui a maintenant de nombreuses œuvres et BDs a son actif, a bien voulu me recevoir afin que les CPCistes sachent enfin qui se cache derrière cette fabuleuse aventure.
Bad Max, |
Max, ce n’est pas un pseudonyme, mais son vrai nom, qui
lui vient de son grand père catalan. Il est né en 1957 et a grandi en lisant
les contes de Grimm, de Perrault ou d’Andersen. Ces récits l’ont influencé au
même titre que les EC comics ou la littérature gore et fantastique. |
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Panzer panik, |
En 1980, dans une Fnac, il rencontre par hasard Benito et
Pierre Ouin, qui s’occupent du graphzine Le Krapô Baveux depuis 1977. Dans le
numéro neuf, il publie sa première bande dessinée, en compagnie de Mezzo, Ben
Radis, Imagex ou Liberatore (inconnu à l’époque). |
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Spoty & La Lune alphane, |
Chaque mercredi, les trois acolytes vont montrer leurs
planches au comité rédactionnel de Métal Hurlant (composé de Manœuvre,
Chaland et Janic Dionnet, l’ex-femme de Jean-Pierre Dionnet, le directeur de
la publication) qui n’était pas très réceptif. Mais leur persévérence a fini
par payer et On demande P’tit Louis de Max paraît dans le numéro 61. Deux
pages de Pierre Ouin suivront, puis deux de Benito/Max, et ainsi de suite
jusqu’au déclin du magazine. |
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Fuck, fly
and bomb, éd Futuropolis, 1986 |
Trois albums de Max sortiront chez Les Humanoïdes
Associés. Le premier est Bad Max. Ce livre réunit toutes les histoires
refusées par Manœuvre pour Métal Hurlant de 1981 à 1983, mais acceptées par
Dionnet en 83 pour en faire un livre ! Puis paraît Panzer Panic, ou la
seconde guerre mondiale vue par les blindés en dix courts récits scénarisés
par José-Louis Bocquet. Spoty et la lune Alphane, le préféré de Max, est
publié en 1987 dans la collection Humour Humanoïde. |
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Spoty 2 : couverture de Amstrad Cent Pour Cent n°4 de Mai 1988 |
La suite (Du Rififi sur Jarmila) sortira dans la revue
Amstrad Cent Pour Cent entre 1988 et 1989, mais les humanoïdes associés,
alors rachetés, refuseront d’en honorer le contrat. |
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Suck,
Korea, suck, éd Futuropolis, 1988 |
Puis viennent Fuck, Fly and Bomb et Suck, Korea, Suck,
deux livres de la collection X de Futuropolis. Travaux communs de Max et
Pierre Ouin,ces bandes dessinées mêlent leurs deux styles pour un résultat
plus destroy que jamais… |
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Monstrueux monstres, éd Albin Michel, 1991 |
En 1991, Max publie Monstrueux Monstres, son premier livre
pour enfants, chez Albin Michel. Le deuxième, Récit du récif sort chez Le
Seuil Jeunesse en 1996.
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Douceur infernale vol.1, éd du Plateau |
Ensuite, Douceur Infernale, pourtant prépublié dans Métal,
ne fera jamais l’objet d’un livre chez les Humanoïdes Associés. Il faudra
attendre 1995 pour que cette histoire soit publiée par les éditions du
Poteau, les éditeurs d’Ogoun. En 2003, les éditions Humeurs publieront enfin
l’intégrale, composée de cette histoire et d’une autre, inédite. |
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Récit du récif, éd. Seuil jeunesse, 1996 |
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Démocratie mécanique, éd Alain Beaulet éditeur, 2000 |
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Sombres ténèbres vol. 1, éd
L’Association, 2001 |
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Sombres
ténèbres vol. 2, éd L’Association, 2002 |
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Sombres ténèbres vol. 3, éd
L’Association, 2002 |
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Sombres ténèbres vol. 4, éd
L’Association, 2003 |
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Douceur infernale l’intégrale, éd
Humeurs, 2003 |
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Max m’a
fait l’honneur de me recevoir dans son modeste appartement Parisien. J’en
reviens pas de rencontrer celui qui fit la joie des lecteurs d’Amstrad cent
Pour Cent entre 1988 et 1989. Je rigole car sa chienne, un bull terrier, me
fait penser à certains de ses monstres. Ses murs et ses étagères sont remplis
de références aux robots, à la science-fiction et aux comics américains, j’en
prends plein les yeux.
Max me montre alors tous ses
travaux qu’il a réalisés. C’est vraiment incroyable, moi qui ne le connaissais
qu’au travers d’ACPC, je découvre toutes les œuvres qu’il n’a jamais cessées de
créer. Mais comment est-ce possible que ce dessinateur ne soit pas reconnu à sa
juste valeur, j’en ai un pincement au cœur. Je parcoures les dessins remplis de
robots et de monstres en tout genre, moi qui adore la science fiction me voilà
servi.
C’est alors que Max me tends,
devinez quoi… les planches originales de « Du rififi sur Jarmila »
sur papier cartonné A3. Elles sont magnifiques et les couleurs vives. En les
visionnant, je ne m’empêcher de me revoir adolescent et accros au CPC, en train
de lire ma revue préférée fraîchement acquise chez mon marchand de journaux.
C’est si loin et pourtant si proche à présent. Devant mon admiration, Max me
dit soudain :
« Tient prends une planche si
tu veux ! »
« Prendre une planche ?
c’est trop je ne peux pas faire ça ! » lui dis-je
« Si, vas-y »
Mon cœur se met à battre la
chamade, je parcours les dessins et décide de prendre l’une de celles qui m’a
le plus marqué à une époque lointaine : la page 13 où Grezko décide d’en
finir avec sweetcunt, le début de la fin pour notre héros. Max me propose un
tub à dessin pour la protéger. Nous parlons alors du métier, de l’époque
Amstrad et de l’époque actuelle.
Après avoir été boire un verre au
café du coin, nous nous séparons pour nous retrouver quelques temps après.
Après avoir un peu planché sur tout ça, me revoici donc face à lui pour une
interview :
1) Salut Max, merci pour ton accueil. Alors tous les cpcistes se rappellent de ta BD parue dans Amstrad Cent Pour Cent, je veux bien sure parler de "Du rififi sur Jarmila". Comment t'est venue l'idée de la publier dans cette revue?
Ben en fait c’est eux qui m’ont
appelé au téléphone. Ils étaient en contact avec les humanoïdes associés et
avaient adoré les aventures de Spoty. Ils m’ont donc demandé si ça
m’intéressait de faire une suite pour leur revue. J’ai dit ok tout de suite et
je suis allé les voir.
2) Comment s'est passé ton séjour
à 100%? l'ambiance y était bonne? parles-nous de son équipe
J’y ai été que 2 fois en tout,
mais à chaque fois j’ai été hyper bien accueilli. Les gars étaient jeunes,
hyper cools, amicaux et passionnés ça se voyait. C’était une bande de copains
et réglos en plus, ils m’ont payés tout de suite pour les couvertures et
illustrations du magazine. En plus ils avaient quelques bécanes, c’était
ambiance jeu. Sinon ça remonte à loin tout ça, je me souviens plus bien des
personnes avec qui j’ai parlé.
3) Tu en as gardé un super souvenir alors?
Oui ils étaient vraiment cools,
j’en ai un super souvenir oui.
4) Par contre tu as eu des soucis avec l’éditeur « les humanoïdes associés » c’est ça ?
j’ai jamais été payé pour ces
parutions, les pages B.D, Amstrad payait les Humanos 500 francs la page pour
publier le Spoty 2 , je devais toucher 50% mais les Humanos qui avait été
racheté par des Suisses (Alpen) n’ ont
jamais voulu me payer, sous prétexte qu’ ils n’ avaient jamais commandé cet
Album malgré le contrat signé des Humanos (les anciens, Hachette) ,à l’époque
comme je bossais à l’Echo des Savanes et que je croyais qu’à la fin des
parutions dans Amstrad les Humanos
allait sortir le bouquin ,mais non ,ils se sont défilés ,malgré le contrat !?
Je m’en veux de ne pas avoir ralé à l’époque , je voulais pas foutre la merde
,si j’avais su , je les aurais attaqué ,j’ai un très bon avocat ,de toute façon
les nouveaux Humanos ont virés tous les dessineux qui vendaient moins de 10.000
albums ,les Humanos n’ont que le nom ,rien à voir avec les Humanoïdes associés
de Métal Hurlant ,ces Humanos là sont juste des vendeurs de caisses d’occases
,de toute façon ,en octobre ou novembre sort un livre « Métal Hurlant » de
Gilles Poussin chez Denoël ,vous saurez tout et la seule vraie histoire de
Métal Hurlant et les Humanoïdes Associés !
5) Alors "Du rififi sur Jarmila" est le second opus des aventures de Spoty, après "Spoty et la lune Alphane" parue en 1987. Comment t'es venue l'idée d'un tel personnage?
Spoty c’est un vieux personnage en
fait, j’avais commencé à le dessiner dans les années 79-80. J’avais aussi
dessiné une petite histoire de une ou 2 pages dans la revue
« viper ». Mais c’est dans la revue « métal hurlant » que
je l’ai le plus exploité, à partir de 82. C’était des petites histoires de 3 ou
4 pages qui ont ensuite été assemblées pour la BD « Spoty sur la lune
Alphane » en 87, plus quelques inédits que j’avais ajouté. « Du
rififi sur Jarmila » est la seule grande histoire de Spoty.
6) J’imagine qu’après tes déboires
avec les humanos, tu n’ais pas eu envie d’en faire un 3ème épisode.
Pourtant Spoty reste ta BD préférée je crois.
Ben après ça j’ai entamé
« Sombres ténèbres » où Spoty apparaît encore un peu. Mais de lui je
garde surtout le souvenir de mon super passage à la revue « métal
hurlant ».
7) Ta bibliographie est assez impressionnante. Tu as été publié dans tout un tas de super revues comme "L'échos des savanes", "Métal hurlant", "Pif", "Pilote", "Spirou",... Comment ce fait-il que tu ne soit pas reconnu à ta juste valeur?
Ca franchement j’en sais rien.
8) Quelle a été ta meilleure collaboration avec une revue?
« Métal hurlant », ça a
duré 7 ans et on était tous potes, même entre journalistes et dessinateurs.
D’ailleurs je vous invite à acheter le livre de « Métal hurlant » qui
sort bientôt, vous saurez tout sur son histoire. Sinon ce que j’aimais surtout
dans les revues pour lesquelles j’ai bossé, c’était l’ambiance et la bonne
entente avec les équipes.
9) As-tu encore des contacts avec
les gens de ces revues?
Ben je revois mes copains
dessinateurs avec qui j’ai travaillé et que je connais des fois depuis plus de
25 ans. Je vois Franck Margerin (Lucien), Didier Eberoni (sexual killer,
centaure mécanique) et je vois souvent aussi mon ami depuis 1978 Pierre Ouin ,
le prince de la BD Punk , le créateur de Bloudi.
10) Alors dans tes BDs il y a pas mal de références, à commencer par de célèbres robots de science fiction je crois.
Oui il y a Roby le célèbre robot
de « Planète interdite », les robots d’Assimov ou Bender de Futurama
(par les créateurs des simpsons).
11) Sinon plus généralement, quelles sont tes sources d'inspiration? il y a beaucoup de références aux 50's, 60's ou 70's non?
Ben je me suis inspiré de la
littérature comme Phillip K. Dick ou Assimov, sinon il y a les comics
américains et les EC comics. Je me suis aussi inspiré de vieux films des années
50-60, comme la science fiction ou les films d’horreur. D’ailleurs j’ai plus de
500 films chez moi, ceux qui m’ont le plus marqué sont « Les soucoupes volantes
attaquent » (1956), « Les survivants de l' infini » (1955),
« Le jour ou la terre s' arrêta » (1951) , Star Wars , Alien , Total
Recall etc…
12) Ca fait depuis peu que tu t'es mis à l'informatique, tu es donc un dessinateur de la plus pure tradition.
Oui je me suis mis à
l’informatique il y a 2 ans. J’ai un Mac et je bosse avec une palette
graphique. Mais il m’arrive encore de faire des dessins papier que je scanne
ensuite pour les envoyer aux rédactions. Mais c’est vrai que j’aime bien les
couleurs sur ordinateur, c’est la plus grosse boite de crayons que j’ai jamais
eu.
13) Avec quoi travaillais-tu avant? comment faisais-tu les traits et les encrages?
Je commençais à faire les dessins au crayon pour pouvoir
faire les retouches nécessaires. Après je repassais au rotrings (stylos à encre
de chine). Après ça je remplissais les couleurs avec des encres Colorex Pébéo.
14) Qu'est-ce que tu penses de la BD actuelle? du phénomène manga? des types d'histoire et de dessin?
Moi la nouveauté ça me branche
pas, je suis resté classique comme spirou ou les comics jusqu’aux années 50-60.
Sinon pour les mangas, j’ai bien aimé Akira, Astroboy à ses débuts et Gon de
Tanaka (un petit dinosaure qui casse la gueule aux autres bestioles, le tout
sans texte).
15) Qu'est-ce que tu dirais à quelqu'un qui veut se lancer dans la BD?
De laisser tomber, c’est bouché et
il y a trop de monde. C’est trop dur d’en vivre, mieux vaut faire ça comme un
hobby, pas comme un métier.
18) Tu as rencontré Jodorowsky une fois (l'incal, les métabarrons, Alef Thau,...), il est aussi déjanté que dans ses BDs?
Oui je l’ai rencontré une fois, il
est complètement taré ce mec, passionné par ses délires. Je me souviens j’avais
vu son film « El topo » où un cowboy éventre un cheval et dégomme des
lapins à la winchester au ralenti.
19) Là tu vas bientôt sortir un nouvel album je crois non?
Oui je sors un album regroupant les épisodes 5 à 8 de « sombres ténèbres » à l' Association en janvier 2006.
21) Pour ceux qui sont intéressés par tes BDs, où et comment peuvent-ils se les procurer? car tu n'es plus chez les humanoïdes associés depuis un bout de temps déjà.
Là j’édite chez
« l’association », sinon ce que j’avais publié chez les humanos ou
chez les éditions humeur est maintenant épuisé. Vous pouvez peut-être encore
les trouver chez les soldeurs.
22) Tu aurais un petit mot à dire aux cpcistes?
Je garde un très bon souvenir de
cette époque, quand je vois maintenant ça me prend la tête.
Eh bien merci Max pour cette interview et à bientôt.
Surprise! Voici le nouveau cadeau
que vous offre AMSTRAD Cent Pour Cent : quatre pages de bande dessinée par
mois, et, pour commencer, Du Rififi sur Jarmila, une aventure à suivre qui vous
tiendra en haleine à partir du numéro que vous tenez entre les mains. Il s'agit
de la seconde aventure de Spoty entièrement réalisée par Max, spécialiste ès
robots dégénérés et démons cruels. Le premier album de la série s'appelait
Spoty et la lune Alphane (éditions Humanoïdes Associés) et voyait Spoty et son
copain Xoubouf capturer des créatures hermaphrodites dans l'espace, apprendre à
jouer aux cartes (la crapette vénusienne) à des monstres pustuleux ou visiter
des planètes hantées par des évadés de l'hôpital psychiatrique de la planète
proxima. La seconde aventure de Spoty, que nous avons le plaisir de vous
proposer, se passe sur une planète où vivent des animaux étranges qui possèdent
une glande cervicale recherchée dans toute la galaxie pour ses pouvoirs
particuliers, donnant naissance à un terrible trafic. Une sorte de
"Dune" déjanté, donc.
Attendez, attendez, maîtrisez
votre impatience, car avant que vous ne dévoriez les premières pages de
"Du Rififi sur Jarmila", j'aimerais vous en présenter l'auteur, Max,
que le critique Marc Voline a surnommé le "Jérome Bosh de la bande
dessinée". Max a commencé la BD dans le journal Crapaud baveux aux côtés
de Bénito, Ouin et Ben Radis. A l'époque, ces allumés faisaient de la BD punk,
dénigrant les institutions en réalisant des histoires plutôt sordides et zones.
Mais la chose était corrosive à l'époque pour taper dans l'oeil des grands
éditeurs. Et la bande de se retrouver dans Charlie Mensuel, Zoulou ou Métal
Hurlant. Au début des années 80, les Humanoïdes Associés sortent les premiers
albums de Max, Bad Max et le sublime Panzer PaniK, histoire de guerre
scénarisée par José Louis Bocquet. Max collabore aussi avec son vieux pote
Pierre Ouin pour Fuck Flying Bomb (Colection X, Futuropolis), dont une suite
est prévue pour Mai de cette année; portant le titre évocateur de Suck Corea
Suck.
Après Panzer Panik, Max va
s'attaquer à une histoire beaucoup plus ambitieuse (bien que gardant toujours
un sacré quota de débilité), Douceur infernale, réactualisation de l'Enfer de
Dante (Miss X me souffle d'ailleurs que Bosh a aussi illustré l'Enfer de
Dante). Réactualisation est d'ailleurs le bon mot, car dans cette version
"Maxienne", Lucifer devient un fan transi des Rolling Stones. L'album
sortira bientôt aux Editions Futuropolis. Actuellement, Max se consacre à
Spoty, et publie ses histoires dans AMSTRAD Cent Pour Cent et l'écho des
savanes. Si son style peut sembler étonnant (ou simpliste) au premier abord, il
cache en fait de nombreuses subtilités et un plaisir certain de dessiner, de
détourner la réalité, et de raconter des histoires juteuses. Voilà, vous
connaissez Max, faites connaissance avec notre ami Spoty et bonne lecture.
Découvrez maintenant ce petit chef
d’œuvre de BD en cliquant sur l’image ci-dessous :
Les éditions humeurs pour la
bibliographie de Max avec les images de ses albums.
Les humanoïdes associés pour leur
aimable autorisation de diffusion.
Magazines Abandonware pour les
scans de Amstrad Cent Pour Cent.
Et bien entendu Max pour son extrême gentillesse.
Article par Chris – Octobre 2005