1 – Introduction
Willy, l’un des plus légendaires héros de l’histoire du jeu vidéo, le super Mario des ordinateurs 8 bits. Qui ne connaît pas « Manic miner » sorti en 1983 ou sa suite « Jet set Willy » sorti en 1984? Pourtant un étrange mystère plane sur son créateur Matthew Smith, qui après avoir engendré de l’or avec ces 2 jeux disparaît sans laisser de trâces… Qui sont Matthew Smith et willy ? comment ont-ils marqué toute une génération de joueurs et comment reviennent-ils aujourd’hui ? c’est ce que nous allons découvrir dans ce dossier sur … la saga de Willy.
2 – Le mystère Matthew Smith
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Matthew
Smith. Photo publiée dans « Je ne veux pas être une star, je
veux juste la reconnaissance que je crois mériter ». |
Un étrange mystère plane sur
Matthew Smith, l’homme qui après avoir engendré de l’or en écrivant
« Manic Miner » et « Jet Set Willy » disparaît sans laisser
de trâces. Les gens commenceront à répandre la rumeur qu’il n’avait finalement
jamais existé. Que Matthew Smith n’était en fait qu’un intelligent nom de code
pour l’ordinateur Tandy, sur lequel était né le mineur Willy. Le sentiment
général, avant que les gens ne partent à sa recherche, c’est qu’il ne voulait
simplement pas être retrouvé. Pourtant, certaines rumeurs diront qu’après avoir
gagné beaucoup d’argent, il serait malheureusement tombé dans la drogue et
aurait fini en hôpital psychiatrique. L’homme qui déclare cela en dit l’avoir
vu à la fin de l’été 1995, vivant dans une commune de hollande et travaillant à
la réparation de motos, en essayant de reprendre sa vie en main après avoir été
traité pour « des problèmes psychologiques ». Pour prouver son
existence, il y eut aussi une interview de lui en décembre 1984, dans la revue
« Sinclair user ».
Matthew est né à Penge, dans la
province anglaise du Surrey (au sud de Londres). Quand il eut 7 ans, sa famille
déménagea à Wallasey où il intégra l’école réputée de Mosslands. Mais il n’y
apprit rien sur les ordinateur et la quitta à 16 ans. Il eut son premier
ordinateur à Noël 1979, alors qu’il n’avait que 12 ou 13 ans. « C’était un
TRS-80 4ko de RAM. Je l’avais réclamé tous les jours pendant 6 mois, parce que
je voulais savoir comment il fonctionnait. J’étais à fond dans
l’électronique » dira Matthiew. Dessus il commence à apprendre le BASIC,
puis le code machine. Mais c’était très dur, d’autant qu’il n’existait
quasiment pas de livres dessus. « Ca m’a pris 2 ans avant de pouvoir
sortir quelque chose avec. Les premiers jeux étaient des
« shoot-them-up », c’était ce à quoi tout le monde jouait à
l’époque ».
Le déclic vint d’un magasin Tandy
où tous les adolescents se retrouvaient le samedi matin pour jouer à des jeux
et apprendre à programmer sur ordinateur. C’était une bonne publicité pour
Tandy, qui pouvait démontrer que même des enfants pouvaient programmer sur
ordinateur. Liverpool était alors la « silicon valley » de
l’Angleterre, avec plein d’entreprises de logiciels comme « Software
Project », « Bug-Byte », « Imagine » et même des gens
d’Ocean Software. Matthew avait alors un ami programmeur à Software Project,
Chris Cannon, et qui venait de temps en temps au magasin Tandy. Chris
connaissait Eugene Evans à Bug Byte, qui deviendra une star à Imagine. Matthew,
qui ne pouvait se permettre d’acheter un Spectrum, demanda à Bug Byte de lui en
prêter un pour écrire des jeux. Il leur montra aussi ce qu’il avait fait sur
son TRS 80 et obtint carte blanche pour un contrat de 3 jeux.
Le premier des jeux était Styx, un
shoot-them-up d’abord écrit sur Tandy, puis converti sur Spectrum. Il avait
aussi écrit une routine pour convertir les jeux Tandy sur Spectrum. Alan Maton,
chef de projet à Bug Byte, lui demande un jeu au concept similaire à Donkey
Kong qui faisait un malheur dans les salles d’arcade. Matthew suggère donc un
jeu avec 8, peut-être 16 écran, un jeu d’arcade jamais tenté jusqu’à présent,
sans mapping écran figé. La légende du mineur maniaque était née, il n’avait
alors que 17 ans !
Autre
photo de Mathieu Smith parue dans “Personnal Computer Games” en Mars
1984 (scan de Steve Brown) |
Matthew travaille donc sur
« Manic Miner » en utilisant un Tandy model 3, avec du son et de la
couleur. « J’avais fait 16 écrans puis j’ai ensuite essayé d’en rajouter
4. Le jeu fût fini en Août 1983 ». Il utilisait un noyau de routines pour
les actions basiques, puis des routines spéciales étaient créées pour des
actions particulières à l’écran. Ca a rendu malade tous les gens qui essayaient
de convertir le jeu sur d’autres machines.
Ce qui caractérise les jeux de
Matthew, c’est le sens de l’humour, « J’ai commencé par une caricature de
Eugene Evans » dit-il en souriant à la pensée d’Eugène. « Les
toilettes animées étaient une idée de mon petit frère, il voulait des toilettes
dans le jeu », son petit frère avait alors 3 ans.
Matthew quitte alors Bug Byte, se plaignant de ne pas toucher assez « Mes gains étaient seulement sur la copie de cassettes, pas sur les ventes, … , et le contrat était seulement de quelques lignes, car tout était verbal en ce temps là ». D’un commun accord, il rompt le contrat sur Manic Miner. Il décide ensuite de rejoindre son ami Alan Maton à Software Project où il y parle de Jet Set Willy. On dit que ce jeu restera l’une des meilleures ventes en Angleterre. Pourtant le travail sur ce jeu avait débuté à Bug Byte. Vous serez surpris d’apprendre que la musique continue dans ce jeu n’utilise aucune interruption, « La première instruction du jeu est : désactive toutes les interruptions » dit-il, « C’est juste bouge un peu, puis bip un peu,… ». Avez-vous remarqué que plus vous perdez de vies, pire devient la musique ?
Beaucoup de bugs vinrent s’insérer
dans le jeu, à cause de la pression des distributeurs et vendeurs. Ces bugs
incluent le double score de certains objets, et la ré-allocation massive des
monstres après que le joueur ait passé le cellier. Software Project déclarera
que c’était délibéré, pour augmenter la difficulté du jeu. L’humour devient
étrange et le nom de certaines salles est carrément obscure. Exemple :
« We must perform a Quirkefleeg », dérivé de la bande dessinée hippie
« Les Freak Brothers » et le chat de « Fat Freddy ». La vie
des programmeurs est dure et on ne se soucie pas de la manière dont ils sortent
un jeu, du moment qu’ils le sortent. Certains d’entre eux restent des jours à
dormir sur place sans jamais rentrer chez eux. Et c’est bien sure le cas de Matthew.
Il pense alors à la suite :
« Willy Meets the Taxman » (Willy rencontre l’inspecteur des impôts)
où Willy est forcé de payer pour son train de vie. Il pense déjà à
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l’utilisation de routines ROM qui pourraient être utilisées pour des utilitaires autant que dans un jeu complet. Pendant ce temps, Software Project lance « Lode Runner », une adaptation d’un jeu Américain qui connaît un grand succès. Mais tout le monde a les yeux rivés sur Matthew et son imagination hors-paires, devenu entre-temps le plus grand programmeur d’Angleterre. Mais il reste d’une grande modestie, « Qu’est-ce que ça vous fait d’être une star » demande un journaliste, « une quoi ? » répond Matthiew décontenancé.
Mais sa passion se tarît et
Matthew préfère sortir pour s’éclater, « Les ordinateurs étaient ma seule
passion, mais plus maintenant. J’aime faire la fête, boire et me ramasser. Il
expose sa vision du future, « Les choses deviendront terrifiantes quand
les ordinateur seront devenus plus intelligents que nous, …,moi je veux une vie
simple, comme beaucoup de gens, …, j’aimerais vivre dans un village, une
communauté, mais toujours avec nos moyens de communication. Il devrait y avoir
une fin à toutes ces villes, elles devraient être entourées d’un mur pour les
contenir. ». Déjà arrive le commodore et sa star montante, Jeff Minter.
« Ce que je n’aime pas dans les jeux de Jeff, », dira
Matthiew, « c’est qu’Ils ne simulent pas les vrais problèmes. Je
n’aime pas la violence simulée, ce n’est pas drôle, …, Dans Jet Set Willy, le
pied qui écrase le joueur quand il perd c’est de la comédie. Et la comédie est
importante contre la violence ».
Après ça, Matthew disparaît sans
laisser de traces, jusqu’en 1999 où il réapparaît en Angleterre et sur son site
aujourd’hui fermé. Mais dans un monde virtuel fait de mensonges, les gens se
méfient, est-ce bien lui ? n’est-ce pas le canular de quelqu’un qui
cherche à faire parler de lui ? Pourtant Chris Cannon avec qui il a
travaillé à Bug Byte est formel, c’est bien de lui dont il s’agit. Matthew
donnera une interview en 2001 sur la chaîne câblée E4. Il expliquera alors que
le troisième épisode tant attendu était devenu le cadet de ses soucis et qu’il
a effectivement vécu quelques temps en Hollande où il y a passé de bons
moments. On n’en saura pas d’avantage pour l’instant.
Encore merci à toi Matthew !
3 – Manic Miner (1983)
Sorti en 1983 sur Tandy 3, Manic
Miner est le premier de la longue saga des Willy qui continue encore de nos
jours. Les téléphones mutants, les pingouins tueurs et les cavernes de glace
sont parties intégrantes de l’univers de Manic Miner. Les graphismes sont
impressionnants au regard de l ‘époque, même s’ils font aujourd’hui
sourire. Pour sortir de la caverne, il faut récolter plusieurs clés et éviter
les pièges mortels ou les monstres délirants mais non moins dangereux qui la
composent.
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4 – Jet Set Willy (1984)
Le premier de la longue série,
mais le seul signé Matthew Smith. Revenu de ses exploits passés dans la mine,
Willy s’est offert une très grande maison de 60 pièces qu’il ne connaît pas
pour la plupart. Pour fêter ça il avait invité la Jet Set à une gigantesque
fête, mais les invités laissent une pagaille monstre dans la maison. Fatigué
par la fête, Willy ne rêve que d’une chose, aller se coucher. Mais la maîtresse
de maison, la cauchemardesque Maria, en a décidé autrement : il ne dormira
pas tant que tous les objets n’auront pas été rangés.
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Version
Spectrum
Version CPC
5 – Jet Set Willy 2 : The Final Frontier
Jet Set Willy 2 ne sera jamais
« Willy Meets the Taxman » comme l’aurait voulu Matthew Smith, mais une
pâle extension du 1er signée DP Rowson. Il y a plus de pièces, mais en même
temps il est devenu quasi impossible à terminer.
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6 – Les adaptations
Willy aura au moins réalisé
l’exploit d’avoir été adapté sur à peu près tous les ordinateurs 8 bits de
l’histoire de l’informatique. Il a aussi été adapté sur Amiga où il connut pas
moins de 8 versions. Tout comme sur le C64, Willy n’aura droit qu’aux 3
versions ci-dessus sur le CPC, mais quel passage ! Et puis qui sait ?
il n’est jamais trop tard pour bien faire.
7 – Willy’s not dead !
Non, Willy n’est pas mort! Il se
porte même très bien à en juger les suites toujours plus nombreuses qui
fleurissent sur le net. C’est sur ZX Spectrum qu’il connaît le plus grand
renouveau, avec pas loin d’une centaine de suites. Il a également sa part sur
PC avec des remakes bénéficiant des meilleurs technologies, mais toujours
fidèles à l’original.
Manic Miner Mythologies (Eugene) JSW : Lord of the rings
(Broadsoft)
JSW : A bulgarian Requiem
(Fabián Álvarez) JSW : Voyager (Gary
Pearce)
Allez, au revoir Willy, et à bientôt pour de nouvelles
aventures !
Chris - 2005